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le service de l’État et requis le logement qui m’était dû. Le brigadier me conduisit jusqu’à la ville où nous ne trouvâmes pas une cabane qui ne fût occupée. Il faisait froid ; je n’avais pas dormi durant trois nuits, j’étais épuisé et je commençai à me fâcher.

— Conduis-moi quelque part, brigand, m’écriai-je. Au diable, si tu veux, pourvu qu’il y ait une place !

— Il reste encore un endroit, me répondit le brigadier en me saluant militairement ; seulement il ne plaira pas à votre seigneurie ; ce n’est pas très convenable.

Ne comprenant pas très bien le sens qu’il attachait à ce dernier mot, je lui ordonnai de marcher devant moi, et après une longue pérégrination au milieu de sales ruelles où de chaque côté je ne voyais que de vieilles masures cloisonnées en planche, nous arrivâmes à une petite maisonnette placée sur le bord même de la mer.

La pleine lune brillait sur le toit en roseaux et blanchissait les murailles de ma nouvelle demeure. Dans une cour entourée d’une enceinte en pierre, s’élevait une autre cabane un peu inclinée