Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/128

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ton en sortit ; il fit un signe de la main et tous trois se mirent à extraire quelque chose de la barque. Le fardeau était si volumineux, que depuis je n’ai pu comprendre comment la barque n’avait pas coulé ; le prenant chacun par un coin sur leur épaule, ils le traînèrent le long du rivage et bientôt je les perdis de vue. Il fallut retourner à la masure ; mais j’avoue que tous ces événements étranges m’avaient troublé et j’attendis péniblement le matin.

Mon cosaque fut très étonné, en se réveillant, de me trouver entièrement habillé ; je ne lui en fis pas cependant connaître le motif, J’admirai pendant quelque temps de la fenêtre, le ciel bleu parsemé de petits nuages déchirés, et la côte lointaine de la Crimée, cachée sous un voile violet, et terminée en cet endroit par des rochers, sur le sommet desquels blanchit une vieille tour en ruines.

Puis je me dirigeai vers le fort de Phanagoria afin de prendre auprès du commandant l’heure de mon départ pour Guélendjik.

Mais hélas ! le commandant ne put rien me dire de positif. Les bateaux stationnés dans le