Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/168

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joie. Occupons-nous de la fin de cette comédie. Ma destinée est décidément de m’occuper de cela pour me désennuyer.

— Et je pressens, dit le docteur, que le pauvre Groutchnitski sera votre victime ?

— Allez, allez donc, docteur !

— La princesse-mère m’a dit que votre visage lui était connu. Je lui ai fait observer que certainement elle devait vous avoir rencontré dans le monde, à Saint-Pétersbourg, et je lui ai dit votre nom. Il lui était connu. Il paraît que votre histoire a fait beaucoup de bruit ; elle s’est mise à raconter vos aventures, ajoutant probablement, selon les caquets mondains, ses propres remarques. Sa fille écoutait avec beaucoup de curiosité, et dans son imagination vous êtes devenu un héros de roman. Je n’ai contredit en rien la princesse, quoique je susse bien qu’elle disait des absurdités.

— Mon digne ami ! lui ai-je dit en lui prenant la main.

Le docteur s’est recueilli un instant et a continué :

— Si vous voulez, je vous présenterai ?

— De grâce, permettez, lui ai-je dit en frap-