Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

déjà ; me dit le capitaine avec un sourire ironique.

Je tirai ma montre, et la lui présentai ; il s’excusa en disant que la sienne avançait.

Quelques minutes de pénible silence s’écoulèrent ; le docteur le rompit enfin en s’adressant à Groutchnitski :

— Il me semble, dit-il, que vous vous montrez tous les deux prêts à vous battre et à satisfaire aux lois de l’honneur ; mais vous pourrez peut-être mieux faire en vous expliquant et en arrangeant la chose à l’amiable.

— J’y suis disposé, lui dis-je.

Le capitaine fit à Groutchnitski un signe de l’œil qui semblait dire que j’avais peur. Celui-ci prit alors un air arrogant, quoique jusqu’à ce moment une pâleur profonde eût couvert ses joues. Depuis que nous étions arrivés, c’était la première fois qu’il levait les yeux sur moi ; mais dans son regard on lisait une certaine inquiétude qui trahissait son trouble intérieur.

— Expliquez vos conditions : dit-il ; et tout ce que je pourrai faire pour vous, soyez persuadé que…

— Voici mes conditions : Vous rétracterez