Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/278

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aujourd’hui en public vos calomnies et vous me ferez des excuses.

— Mon cher monsieur, je m’étonne que vous osiez me proposer de semblables choses.

— Mais que puis-je vous proposer, hormis cela ?

— Nous nous battrons. »

Je haussai les épaules.

— Je vous en prie, avez-vous bien réfléchi à ceci, que l’un de nous sera infailliblement tué.

— Je désire que ce soit vous…

— Moi ! je suis certain du contraire… »

Il se tut, rougit et partit d’un éclat de rire forcé.

Le capitaine le prit par le bras et le tira à l’écart ; ils causèrent longtemps à voix basse. J’étais arrivé avec l’esprit assez calme, mais je commençais à sentir l’irritation s’emparer de moi.

Le docteur vint à moi.

— Écoutez ! me dit-il avec une inquiétude visible : Vous avez sûrement oublié leur complot ?… Je ne sais pas charger des pistolets, mais dans cette occasion… Vous êtes un homme étrange ! Dites-leur que vous connaissez leurs intentions, afin qu’ils n’osent pas… mais quelle idée ! Ils vous tueront comme un oiseau.