Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/298

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preuves positives, je vous invite à vous tenir davantage sur vos gardes. La princesse m’a dit aujourd’hui qu’elle savait que vous vous étiez battu pour sa fille. C’est ce vieillard qui lui a tout raconté… Comment s’appelle-t-il ? Il a été témoin de votre querelle avec Groutchnitski à l’hôtel. Je suis venu vous prévenir. Adieu ! Peut-être ne nous reverrons-nous plus ; on vous enverra qui sait où ! »

Il s’était arrêté sur le seuil de la porte, avec l’envie de me serrer la main… Et si je lui en avais exprimé le plus petit désir, il se serait jeté à mon cou. Mais je restai froid comme un marbre et il sortit.

Voilà les hommes ; ils sont tous ainsi : ils calculent d’avance toutes les bonnes ou mauvaises conséquences d’un événement. Ils vous aident, vous approuvent, vous encouragent même en voyant l’impossibilité d’un autre expédient ; mais après ils s’en lavent les mains et se détournent avec indignation de celui qui a osé prendre sur lui tout le fardeau de la responsabilité. Ils sont tous ainsi, même les meilleurs, même les plus intelligents.

Le surlendemain matin, je reçus l’ordre de