Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/329

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lointaines régions méridionales, accompagnaient sa course vers le nord et les masses rocheuses, plongées dans un mystérieux sommeil, inclinaient leurs têtes sur lui et couronnaient les nombreux méandres de ses ondes. Assises sur le roc, les tours des châteaux semblaient regarder à travers les vapeurs et veiller aux portes du Caucase comme des sentinelles géantes placées sous les armes. Toute la création divine était aux alentours, sauvage et imposante ; mais l’ange, plein d’orgueil, embrassa d’un regard dédaigneux l’œuvre de son Dieu et aucune de toutes ces beautés ne vint se refléter sur sa figure hautaine.


IV.


Puis le tableau changea ; une nature pleine de vie s’épanouit à ses regards ; les luxuriantes vallées de la Géorgie se déroulèrent au loin comme un magique tapis. Terre heureuse et florissante !… Les silhouettes des ruines, les ruisseaux à l’eau rapide et murmurante et au fond parsemé de cailloux aux mille couleurs ; les buissons de roses sur lesquels les rossignols à la voix douce, chantent la plaintive beauté que