Page:Lermontov - Un héros de notre temps, Stock, 1904.djvu/358

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qui fermente ! Mais les jours passent et le sang se refroidit. Quel est celui qui peut rester fidèle pendant la séparation et ne pas céder aux attraits de la beauté nouvelle ? Quel est celui qui peut résister à la fatigue, à l’ennui, aux caprices de l’imagination ? Non, mon amie, sache-le bien, ta destinée n’est point de te flétrir en silence dans un cercle aussi étroit, esclave d’une jalousie grossière, parmi des hommes froids et pusillanimes, parmi de faux amis et des ennemis, au milieu de craintes et d’espérances sans fin, de peines lourdes et sans but. Tu ne dois point t’éteindre tristement, derrière ces murs élevés, sans avoir connu l’amour, toujours en prières, également loin de Dieu et des hommes. Oh non ! admirable créature, tu as une autre destinée ; tu es réservée pour d’autres souffrances et pour des extases autrement sublimes. Laisse donc tes premiers désirs et abandonne cette terre méprisable à son sort : En échange je t’ouvrirai les abîmes des plus profondes sciences ; j’amènerai à tes pieds les nombreux esprits qui me servent et je te donnerai, ma belle, des servantes légères comme des fées. Pour toi j’arracherai à l’étoile d’Orient sa cou-