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BALAOO

— Pensez-vous qu’ils ne s’apercevront pas à temps que toute cette troupe de faux paysans ne voyage que pour garder la caisse ?

— Ah ! si c’est eux qui veulent faire le coup, bien sûr qu’ils savent déjà à quoi s’en tenir… Ils ont dû déjà nous reluquer à plus d’un coin de route !…

— Ils peuvent donc nous suivre aussi facilement que ça ?

— Ah ! pour être mobiles, ils sont mobiles !… Il n’y a point de bêtes plus mobiles dans la forêt, pour sûr… Ils nous auront vus devant, derrière et sur les côtés… et ils ont des chemins de traverse qui les mènent partout, autour de nous, sans que nous nous en doutions seulement une minute !… Oui, mon petit monsieur… c’est comme si, tenez, c’est comme s’ils avaient fait la forêt au lieu que ce soye le bon Dieu…

— On a raconté beaucoup de choses sur ce qu’ils font dans la forêt…

— Et puis sur ce qu’ils ne font pas, bien sûr… On n’est pas né d’hier et c’est pas d’hier qu’on parle du Mystère des Bois Noirs, j’vous l’accorde à vous qu’êtes bien jeune !

— Qu’est-ce que le Mystère des Bois Noirs ?

— Vous le demanderez à ceux qui voyagent quelquefois du pays du Chevalet au pays de Cerdogne ; ils vous répondront p’t’être… mais y en aura pas un pour se plaindre, bien sûr…

— Est-ce vrai ce qu’on a raconté des voyageurs arrêtés par une bande de masques noirs ?

— Ah ! c’est bien vieux !… bien vieux !… c’est un truc usé, le truc des masques noirs… Maintenant, dans les voyages en diligences, on est à peu près tranquille… « pourvu qu’on se conduise bien avec la pierre du Loup »…