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BALAOO

et indociles… et cependant on allait au pas et il ne les taquinait pas… et ils connaissaient bien la côte… Nestor était particulièrement insupportable, et Michel ne le lui envoya pas dire, mais il lui allongea un bon coup de fouet dans les oreilles…

— Monsieur, demanda Patrice, toujours songeur, dans les côtes, vous descendez, ordinairement ?

— Dame, oui !

— Vous, et les voyageurs de l’impériale ?

— Presque toujours.

— Et ces deux fois-là, « les fois de la malle », est-ce que vous êtes tous descendus de l’impériale, dans les côtes ?

— Ma foi, je peux vous l’assurer, car, en remontant, la seconde fois, on plaisantait Barrois en voyant que sa malle était toujours à sa place… Mais, si on descendait, on ne quittait guère d’un pas la voiture… et les femmes restaient à l’intérieur… Eh bien ! personne n’a rien vu…

— Oui ! Eh bien ! fit Patrice, après avoir bien réfléchi à la « malle à Barrois », cette malle a été prise sur l’impériale en cours de route, et remise à sa place sans que vous vous en soyiez aperçus, pendant que vous montiez les côtes. Comment une pareille chose a-t-elle pu se faire ?… Il n’y a qu’une hypothèse, c’est qu’en passant dans certains endroits de la forêt où les arbres font comme une voûte au-dessus de la diligence, quelqu’un s’est penché du haut de cette voûte et a pris la malle pour la rapporter un peu plus loin… voilà tout le miracle… Mais il a fallu quelqu’un de bien adroit, de bien fort, de bien leste, et qui ait bien l’habitude de la forêt…

— Eh ! eh ! monsieur, le Loup dont je vous parle a justement toutes ces qualités-là…

— Monsieur La Gaule, avez-vous entendu parler quel-