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BALAOO

sions, au milieu de squelettes d’animaux sans nombre.

Le fait est qu’Élie, Siméon, Hubert avaient disparu tout d’un coup, sans que le docteur fût capable de pouvoir dire comment ; et cela, bien avant la nuit noire. Zoé seule était restée là à veiller le prisonnier. Quant à Balaoo, il venait de se redresser dans l’ombre, prêt à regagner son échauguette du grand hêtre de Pierrefeu. Zoé, la voix mouillée, lui dit :

— Tu t’en vas, Balaoo ?

— Oui, répondit-il, tout adouci et un peu triste, je m’en vais. C’est plus prudent. S’il y a quelque chose de nouveau, je ferai le tonnerre, et alors il faudra faire les morts dans le trou. Si les hommes approchent du côté de Moabit, je frapperai sur ma poitrine trois coups, comme ça…

Et il se décocha trois terribles coups de poings sur sa poitrine qui résonna comme une cloche de bronze.

— Ça, ça voudra dire : attention à Moabit ! Compris ?

— Compris, dit Zoé, mais ils n’auront pas le toupet de faire quelque chose avant demain dix heures. Ils me l’ont promis.

— On ne sait jamais avec ceux de ta Race ! grogna Balaoo !

— Oui, oui, au fond, je sais bien que tu nous méprises, murmura Zoé.

— Non, pas tes frères, parce qu’ils sont de la Race sans en être et qu’ils voient clair la nuit. Ceux-là, ils m’ont plu tout de suite. Et aussi, parce qu’ils ont un nez qui sent tout dans la forêt et qu’ils ne confondraient pas, bien sûr, la piste d’un lapin avec celle d’un éléphant, comme les autres de la Race qui ne savent rien que lire dans les livres. S’ils n’avaient pas de livres, je me demande