Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
BALAOO

autre forme humaine… Et puis, il y en eut une autre… et une autre encore… ça faisait quatre cortèges funèbres…

— Oh ! Oh ! murmura Coriolis, qui n’avait plus la force de se soutenir et qui put croire que sa raison allait le quitter pour toujours… Oh ! Oh ! Baaloo s’est défendu ! …

Mais ce n’était pas fini… Peu à peu, la forêt rendait tous les soldats qu’elle avait pris la veille… mais dans quel état ! Après les morts, les blessés : il y en avait au moins une vingtaine qui arrivaient à la queue leu leu, soutenus par des camarades, les bras en écharpe, des linges sur le front… Sacré Balaoo, va !… Enfin, un dernier cortège survint.

Il était formé d’un groupe dans lequel se débattait étrangement une figure qui ne paraissait point inconnue à Coriolis. Tout à coup, celui-ci la reconnut : le docteur Honorat ! Mais quel docteur Honorat ! Coriolis ne comprenait rien à l’attitude de ce cher docteur ni à ses cris. La figure d’Honorat était en sang et il chantait la Marseillaise !

Celui-là, c’était un que Balaoo avait rendu fou !

Coriolis, se rappelant enfin qu’il était un de la race humaine, secoua la tête et demanda :

— Combien de morts ?…

Comme les autres ne lui répondaient toujours pas, il eut un mouvement terrible d’impatience :

— Je vous demande combien de morts ? Combien de morts ?

— Mais, papa, nous ne savons pas ! fit enfin la voix tremblante de Madeleine.

— Eh bien ! toi, Gertrude, va aux nouvelles !