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BALAOO

çut, cependant que Madeleine, de son côté, s’apprêtait à entendre les pires nouvelles.

— Eh bien ! il n’a rien !

— Comment, il n’a rien ?

— Mais non ! Tout ça ne le regarde pas ! Ils ont chassé dans la forêt les Trois Frères, qui s’étaient échappés de prison et qui avaient pendu le juge d’instruction comme ils avaient pendu déjà Camus et Lombard, et ce pauvre M. Blondel !

Elle expliqua avec une naïveté parfaite :

— Les Trois Frères se sont défendus et en ont assommé une trentaine. Il y a quatre morts !

— Ah bah ! s’exclama Coriolis qui revenait à la vie et dont le cœur recommençait à battre sous les coups d’une puissante allégresse… et Balaoo ?

— Quoi, Balaoo ?… Qui est-ce qui vous parle de Balaoo ? Quand on vous dit qu’il n’y était pas !

— Mon Dieu ! s’écria, reconnaissante envers la Providence, Madeleine… Mon Dieu ! serait-ce possible !…

— C’est comme je vous le dis… sur ma part de paradis !… répliqua, avec un toupet admirable, la vieille femme qui savait parfaitement à quoi s’en tenir sur la mystérieuse défense de la forêt et sur la bataille des arbres.

Coriolis et Madeleine s’embrassèrent. Après quoi, Madeleine, hésitante, dit :

— Tout de même, il a bien tonné cette nuit, dans la forêt.

— C’est les soldats qui lui auront fait peur, répliqua Gertrude.

— Et puis, il a peut-être du chagrin, émit avec intention Coriolis. Il est resté trop longtemps dehors, et il n’ose