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BALAOO

de parler de tous les mariages ici, excepté du mien !…

— Je ne me marierai jamais ! répondit tristement Zoé, en baissant les yeux. Qui est-ce qui voudrait de moi ?

— Ça me regarde, gronda Coriolis d’une grosse voix bourrue.

Et, en disant cela, comme il jetait un coup d’œil à Noël, celui-ci leva le nez en l’air. Son indifférence pour tout ce qui se disait à cette table était majestueuse. Patrice l’admirait.

L’oncle grogna :

— C’est très mal élevé de faire celui qui rêve à table et de n’être jamais à la conversation. À bon entendeur, salut !

Mais il est probable que M. Noël n’entendit pas, car il ne salua pas. En revanche, il se gratta. Sans doute, sa manche le gênait, car, de sa main gauche, il se grattait nerveusement sous le bras droit, ce qui est défendu dans les salons d’hommes. L’oncle lui envoya, à toute volée, sur la main, un coup fameux d’un petit bâton d’ébène que Patrice avait déjà vu sur la table et dont il ignorait l’usage. Pan !… M. Noël eut un cri de bête que l’on corrige et laissa sa manche tranquille.

— C’est honteux ! fit Coriolis ; est-ce que tu te crois ici à Haï-nan ? c’est honteux pour un étudiant en droit de la Faculté de Paris.

— Il est inscrit ? demanda Patrice, goguenard.

— Il suit les cours avec moi.

— Et où en êtes-vous, mon oncle ?…

— Aux « différentes manières dont on acquiert la propriété », répondit Coriolis. Noël, dis-nous un peu quelles sont les différentes manières dont on acquiert la propriété ?