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BALAOO

(toujours à reculons, car il savait où il allait et toujours en entraînant Gabriel) eut l’idée géniale de prendre la carte du forcené et de lui déclarer qu’il pouvait s’attendre à recevoir leurs témoins, le lendemain matin. Cédant toujours à la poussée, ils furent bientôt contre le mur du Musée de Cluny (Balaoo n’attendait que cela).

— Hop ! fit-il (Hop ! pour sauter. C’est la même chose en singe et en homme : voyage de M. Philippe Garner aux forêts équatoriales). Hop ! Gabriel comprit. Un peu de lierre était là, grimpant jusqu’à une gargouille. Balaoo et le chimpanzé étaient déjà dans le jardin du Musée que les autres se demandaient encore par où ils étaient passés. Quand ils comprirent, ils augmentèrent leurs clameurs. Une fenêtre du Musée s’entr’ouvrit, et un poète (M. Haraucourt ) se pencha au-dessus de la rue pour déclarer qu’il lui était impossible de travailler.

On lui expliqua qu’il y avait deux bandits dans son jardin. Alors il réveilla tous les gardiens, mais on ne trouva personne derrière les vieilles pierres de Julien l’Apostat.

La foule, en commentant diversement les événements, retourna prendre des bocks à la Brasserie Amédée.

Pendant ce temps, à la terrasse d’un café qui faisait le coin de l’avenue Victoria et de la place du Châtelet, assis bien tranquillement dans un coin d’ombre où on pouvait boire à son aise (avec ses doigts), Balaoo disait à Gabriel :

— Tu vois ce qui peut arriver avec les chiens. Moi j’avais un système à Saint-Martin-des-Bois. Pour ne pas avoir d’ennuis, je les avais tous pendus. On a cru à une maladie des chiens, et personne n’a plus eu de chiens dans le pays et j’ai été bien tranquille. Mais, à Paris, il y en a trop !

— La dernière fois, tu m’avais promis de me conduire