Page:Leroux - Balaoo, 1912.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
BALAOO

Balaoo, les yeux brillants.

Oh ! la magnifique paille de riz ! Mais retiens-toi ! Moi aussi je mangeais les chapeaux quand j’étais petit, tous les chapeaux d’été de Madeleine, car les chapeaux d’hiver, ça ne vaut rien, et puis j’ai grandi et je laissais ses chapeaux tranquilles… J’attendais qu’elle me donnât à manger dans sa main… Wonoup ! où est-il le temps où je mangeais dans la main de Madeleine ?… le temps où je la voyais arriver dans le verger de ma jeunesse ?… elle y était comme un bouton de rose. Elle ressemblait aussi à la perdrix qui court vers son petit ; mais la perdrix a un corsage moins beau et une démarche moins légère. Sa voix était douce comme le chant des bengalis.

Gabriel.

Je ne comprends pas tout ce que tu dis, mais mon cœur est dans ta poitrine !…

Balaoo, lui serrant la main sous la table.

Tourôô ! (dans le sens de : merci.) Qu’est-ce que tu as dans la main ?… (Il regarde.) Où as-tu pris ce cigare-là ?

Gabriel.

Dans la boîte, pendant que le monsieur ne regardait pas… (Le garçon a repris la boîte de cigares et s’éloigne en les comptant discrètement.)

Balaoo.

Qu’est-ce que tu vas en faire ?

Gabriel.

Le manger…