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BALAOO

— Mais pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ? moi, je veux manger, protesta Patrice, et manger tranquillement ! … N’est-ce pas, Madeleine, que nous voulons manger tranquillement ? Ce n’est pas parce qu’un énergumène… Il n’acheva pas…

— Le voilà ! s’écria Zoé qui s’était penchée à la fenêtre.

Ah ! le beau sauve-qui-peut !… Coriolis entraînait, ou plutôt emportait déjà dans ses bras Madeleine défaillante. Gertrude bousculait Patrice, le poussant devant lui à coups de poings. Au coin d’un petit escalier que l’oncle semblait connaître depuis longtemps, Coriolis se retourna et jeta à Zoé la fatale fleur d’oranger, arrachée au front de Madeleine malgré les aboiements de Patrice : « Reste ici, toi, arrête-le ! criait-il à Zoé ! enferme-le !… » Et, d’un geste furieux, Coriolis, repoussant Zoé, enfonça le reste de la petite troupe dans le petit gouffre du petit escalier.

Pendant ce temps, M. Noël montait le grand escalier du restaurant, les narines palpitantes…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Patrice et Madeleine, accompagnés de Coriolis et de Gertrude, arrivèrent à la gare d’Austerlitz pour voir partir le train d’Auvergne. Le train suivant était omnibus et desservait toutes les petites stations de banlieue. Patrice déclara que sa femme et lui le prendraient. Il avait hâte de quitter Paris, de se trouver seul avec Madeleine pour l’interroger, pour se soulager de toutes les pensées horribles qu’il avait sur le cœur…

Mais voilà que, sur le quai de la gare, Madeleine qui, depuis qu’on était parti si précipitamment du restaurant, n’avait pas prononcé un mot, subitement se trouva mal et glissa par terre, les yeux fermés.