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BALAOO

Silencieux, au fur et à mesure qu’ils avançaient, il reculait, par petits bonds, toujours en les regardant et toujours en balançant la tête. « Il y a quelque chose ! Il y a quelque chose ! » reprit Gertrude. Patrice sentit trembler davantage, sur son bras, la main de Madeleine. Elle était de l’avis de Gertrude : « Suivons-le, dit-elle, vous voyez bien qu’il nous appelle. »

Tout cela était enfantin et sinistre. Cet oiseau vert, à la démarche mystérieuse et au balancement de tête incessant… leur apparaissait au milieu de ce vaste escalier, où hésitaient leurs pas inquiets, comme la mauvaise fée de l’hôtel froid et sonore.

Il les conduisit à travers des corridors, jusqu’au haut de la galerie de service qu’ils avaient prise le matin même pour échapper à la curiosité de M. Noël ; et là, ils découvrirent, tout en haut des marches, étendue, les bras en croix et le visage couvert de sang, Zoé ! Ils crièrent d’effroi. Coriolis, qui s’était précipité sur ce corps inerte, releva sa figure effarée. « Elle a reçu un coup terrible à la tête, fit-il, mais elle n’est pas morte ! »

On la transporta dans sa chambre. On l’étendit sur son lit ; Coriolis lui fit respirer de l’éther. Elle ouvrit les yeux. À la vue de cette jeune femme en robe de mariée qui la soignait, elle fut secouée comme d’une décharge électrique :

— C’est toi, Madeleine !… Toi, ici !… Ah ! va-t’en !… va-t’en !… va-t’en !… Ma petite Madeleine, va-t’en…

On essaya de la faire taire, de la calmer, mais rien n’y fit. Elle était animée d’une force incroyable pour repousser Madeleine : « Va-t’en ! Il va venir !… Il va venir !… et il te tuera !… »

Ils virent qu’elle délirait, mais les paroles de son délire les affolait.