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BALAOO

il les « bouta » hors de la gouttière et les fit (trois ou quatre) basculer dans le vide.

Les malheureux allèrent s’écraser sur la place, au milieu de la populace accourue et de mille cris d’horreur.

Vingt coups de feu retentirent alors autour du monstre qui les reçut presque à bout portant sans avoir l’air de s’en soucier, et qui rentra à nouveau dans l’hôtel de ville par une mansarde après avoir, d’un coup de poing, assommé un agent de la brigade centrale qui montrait sa tête à cette mansarde.

Et le monstre se rua dans les corridors.

On le vit passer comme une flèche à travers tous les services. Des contribuables, qui attendaient là, depuis des jours, l’occasion d’être reçus, s’enfuirent en hurlant et on ne les revit plus jamais.

De corridors en escaliers, il pénétra dans la salle du Conseil municipal où M. Mathieu de la Fosse essayait en vain de rassurer les vingt édiles qui n’avaient pas encore abandonné la séance (au fond, ils s’y croyaient peut-être plus en sûreté qu’ailleurs).

Là aussi, ce fut un sauve-qui-peut général, mais ils tremblaient tous encore que l’autre était passé depuis longtemps… passé et disparu !…

Pendant vingt-quatre heures, on ne sut ce qu’il était devenu. On le chercha partout. On alla jusqu’à enfumer les caves de l’hôtel de ville pour l’en faire sortir dans le cas où il y aurait trouvé un refuge…

Un cordon de troupes, avec munitions de guerre, entourait le bâtiment municipal. Cinq agents de la Sûreté tramaient partout le professeur Coriolis qui, les cheveux épars et l’œil fou, se laissait conduire des caves au grenier en appelant : Balaoo ! Balaoo !…