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BALAOO

Mais Balaoo ne répondait pas !… Qu’était-il devenu ? Aucune nouvelle jeune fille n’avait disparu dans la ville (du fait de Balaoo ou autre). Et cela s’explique en ce qu’on les tenait, les jeunes filles, toutes étroitement enfermées dans la demeure de leurs parents. Les séances du Conseil municipal avaient été suspendues jusqu’à nouvel ordre. Et l’angoisse était plus grande que jamais, doublée du mystère de cette disparition quand le soir même, le monstre réapparut au sommet de la tour Saint-Jacques. Les employés du bureau météorologique l’avaient aperçu les premiers et s’étaient enfuis en le signalant aux agents. Cette fois, on pensait bien toucher à la fin du drame.

La tour Saint-Jacques, isolée immédiatement par un cercle de police et de troupes, demeurait un bien petit et dangereux refuge pour Balaoo.

Celui-ci sembla, du reste, s’en rendre compte, car, se voyant serré de si près par cette foule en armes et ce peuple qui criait vers lui mille malédictions, il entra dans une fureur peu commune, même chez les grands singes orientaux de Java.

On entendait ses longs roulants et grondants cris jusqu’à la place de la Bastille et jusqu’au Louvre. La circulation était naturellement interrompue dans la rue de Rivoli. Sur la plate-forme des omnibus et des tramways, tout le monde était debout, montrant le poing à la tour Saint-Jacques et hurlant à la mort de l’anthropopithèque.

Quelquefois on apercevait l’ombre dansante et culbutante du monstre au sommet même de la Tour, mais, presque aussitôt disparu, il réapparaissait, faisant du trapèze à un échafaudage.

On avait déjà tiré sur lui plus de cent coups de fusil et