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BALAOO

— Ah ! monsieur, je crois bien que c’est sur le ton de la haine !

— Voyez-vous ! Et qui donc, dans la vie, vous appelle ainsi de votre petit nom « Patrice » ?

— Il n’y a que mon père, ma mère, mon oncle Coriolis et ma cousine Madeleine.

— Ah !

Un silence important pendant lequel M. le juge réfléchit en se mordant les lèvres :

— Et, derrière la porte, vous avez bien entendu : « Pitié !… Pitié à la maison d’homme !

— Oui, nous avons parfaitement entendu cette phrase.

— Et qu’est-ce qu’elle signifie, cette phrase, à votre avis ?

— Mais, monsieur, je n’en sais rien !…

— Ni moi non plus, monsieur !… fit le juge. Et l’assassin avait des manchettes ? Quelle sorte de manchettes ?

— Oh ! je ne saurais rien affirmer. J’ai vu du linge blanc qui dépassait des manches.

— Je voudrais savoir quelle idée vous avez eue en voyant descendre vers la gorge de Blondel ce que vous voyiez de l’assassin.

— Ah ! à ce moment, je n’avais pas beaucoup d’idées ; mais tout de même je me suis rendu compte que c’étaient deux bras qui arrivaient pour étrangler Blondel.

— Vous les avez vus jusqu’où, ces bras ?…

— Jusqu’au coude, au moins.

— Pourriez-vous les reconnaître ?

— Ma foi, je ne saurais… les manches étaient de couleur sombre… Vous savez, il faisait assez peu clair de l’autre côté du passe-plats…