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BALAOO

— Qu’est-ce que ça signifie ce que tu dis là, la mère ?… y a des moments que tu perds la boule, fit Hubert… laisse donc la banque tranquille, faut que l’argent en sorte, bien sûr…

— C’est-y qu’t’aurais appris le chemin que la paye y prendrait ?

— Te v’là bien curieuse.

— Et comment que tu l’as appris ?

— Eh bien ! j’ai suivi la Gaule et son copain sans qu’ils s’en doutent. Ils sont allés chez Mathieu prendre un verre. Le petit en avait dans le citron. Il ne faisait que jaspiner sur les travaux et puis sur tout. Je les ai écoutés, oui, d’un coin qu’ils ne me voyaient pas… Je sais maintenant par où qu’elle vient la paye, termina Hubert en baissant la voix d’une façon sinistre…

La mère et les deux autres firent simplement : Ah !…

La Barbe n’y pouvait plus tenir ; elle fit signe à Hubert de se rapprocher de son grabat, et les autres, aussi, s’avancèrent.

Et ils furent tous trois bouche à bouche, oreille à oreille, à se dire des choses qui ne durèrent pas longtemps et que, malheureusement, Patrice n’entendit pas.

Quand le conciliabule fut terminé, Siméon se redressa en demandant :

— Et qu’est-ce qu’il disait de ça, lui, la Gaule ?

— Oh ! la Gaule n’avait pas l’air enchanté ! Je crois qu’il se serait bien passé de la commission, répondit Hubert. Le petit couchait chez Mathieu. La Gaule lui a dit : « Et maintenant, mon gros, va te coucher. T’es saoul. Demain matin, tu seras bien content de n’avoir parlé qu’à un honnête homme !… »

— Il se gobe, la Gaule ! toussa Élie.