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BALAOO

Ils étaient revenus tous trois à la table. Il y avait un grand silence. La tête de la vieille était rentrée dans l’ombre au fond de son trou. On ne la voyait plus. Tout ce monde-là réfléchissait.

— Eh bien ! qui qui parle ? finit par dire Hubert… je vous écoute.

Et ses yeux verts firent le tour de la société, de l’alcôve à la table.

— Sûr qu’y aura du « raisiné », dit du fond de son antre la voix de la Barbe.

— Eh bien ! il y aura du raisiné, conclut brutalement Hubert en allumant sa pipe.

À ce moment, la voix de Zoé se fit entendre à la porte, demandant la permission d’entrer.

— Entre ! lui cria la mère.

— Où que t’étais ? demanda Hubert.

— Derrière la porte, fit la petite, à vous écouter. Y vaut mieux que ce soye moi que les gendarmes…

Et, comme ils levaient déjà leurs mains pour la talocher, elle leur jeta hâtivement :

P’t'être bien qu’il n’y aurait pas de raisiné avec Balaoo ! Rappelez-vous la malle à Barrois !

— La p’tite a raison, fit Hubert.

— Faudrait lui causer tout de suite, à Balaoo.

— C’est pas difficile, déclara Zoé… il est chez lui !…

— Allons-y !…

— Allons-y !…

— Vous n’allez pas me laisser toute seule ! piaula la Barbe.

— Les affaires sont les affaires, gémit Hubert. On ne te mangera pas !… En route, Zoé !

— Oh ! moi, fit Zoé. Le concierge a ordre de ne plus