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À QUATRE HEURES DU MATIN
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la tête appuyée sur l’épaule et les bras ballants, elle revint vers la porte, en pleurant…

Afin de ne perdre aucun de ses mouvements, Fanny et Jacques étaient peu à peu sortis de leur cachette…

Persuadés, du reste, qu’ils avaient affaire à une personne en état de somnambulisme, ils ne prenaient plus de grandes précautions. Fanny disait à Jacques :

« Tu l’as vue ? Tu l’as entendue ?… Demain, elle nous racontera encore qu’elle a vu son mort et qu’elle lui a parlé !…

— Ce qu’il y a de terrible, répliqua Jacques, c’est qu’elle nous dira peut-être, encore comme aujourd’hui, ce que le mort lui a répondu… »

Il avait prononcé ces mots à voix très basse et cependant ils eurent l’effroi de voir tout à coup la forme blanche de Marthe suspendre sa marche hésitante, se retourner vers eux et leur dire :

« Non ! non !… ce soir le mort ne m’a rien dit !… le mort n’est pas venu… et pourtant je l’ai bien appelé… je lui ai parlé, moi !… je lui ai dit tout ce que j’avais sur le cœur… mais il n’est pas venu !… que voulez-vous, ce sera pour une autre nuit… »

Et elle essuya du doigt ses larmes, puis tranquillement, elle continua :

« Quant à vous, mes amis, je vous attendais, oh ! je savais bien que vous viendriez !… Sitôt que Mme  de la Bossière m’a demandé hier : « À quelle heure vient-il, votre fantôme ? » j’ai bien compris que vous viendriez !… Vous vouliez vous rendre compte… savoir si je ne