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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

que cette nuit fût achevée… Je n’en puis plus… La lumière seule du jour me guérira…

— Eh bien ! secoue-toi un peu en attendant la lumière du jour !… Tu voulais aller travailler !… Tu dois avoir des tas de choses à faire si nous voulons partir demain… Descendons ensemble dans tes bureaux, veux-tu ? supplia-t-elle.

— Ça, non !… ça, par exemple, non !… je ne veux pas sortir avant le jour dans les corridors !… C’est effrayant ce que je vais te dire : « J’ai peur de le rencontrer ! » Écoute !… Ah ! écoute, cette fois !… Entends-tu ?… entends-tu ?… »

Cette fois, elle trembla, elle aussi, et elle répondit à voix basse :

« Oui, silence !… J’entends !… »

Et, deux minutes, ils restèrent ainsi, ne bougeant pas plus que des statues… Alors, comme ils n’entendaient plus rien, ni l’un ni l’autre : elle dit :

« C’est vrai qu’il y a comme un bruit de cliquetis de chaîne…

— Ah ! tu vois !… tu vois !…

— Oui, mais je ne suis sûre de rien… Le bruit ne s’est pas renouvelé… et puis, après tout, il peut être très naturel… nous en chercherons la cause demain… et nous en rirons peut-être après l’avoir trouvée… c’est un bruit qui peut venir du dehors, un gond de porte qui grince, la chaîne d’un cadenas balancée par le vent…

— Il n’y a pas de vent ! » dit-il.

Comme si le ciel eût voulu lui donner un