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L’HOMME QUI REVIENT DE LOIN

espoir, la douleur et l’égarement de Fanny atteignirent au paroxysme. Elle se jeta sur cette dépouille encore chaude et l’appela des plus doux noms.

Mais il ne répondit pas.

Il était mort, mort, bien mort !…

Et cependant elle ne pouvait le croire encore. En se tordant les mains, elle suppliait les « deux princes de la science » que le destin avait, comme par miracle, réunis chez elle cette nuit-là, de faire des choses impossibles pour lui rendre son mari.

Elle se rappelait ce que le Dr Moutier avait dit dernièrement et se souvenait aussi des singulières paroles prononcées par le Dr Tuffier : Nous pouvons maintenant rendre la vie à un mort ! si nous nous y prenons à temps !…

Après avoir renvoyé les enfants qui étaient, eux aussi, accourus en criant, et jeté encore une fois à la porte Mlle Hélier qui, dans une circonstance aussi extraordinaire, aurait bien voulu se rendre utile et ne rien perdre de ce qui allait se passer, elle supplia les deux hommes de tenter l’opération. Mais ils n’avaient point l’air de la comprendre ; et, devant l’embarras du Dr Moutier, mis, d’une façon aussi inopinée, dans un moment aussi tragique, « au pied du mur », elle lui jeta avec une rage délirante :

« Charlatan ! Charlatan !… Vous êtes tous des charlatans !… Vous ne croyez pas un mot de ce que vous dites !… »

Moutier, qui venait d’écouter le cœur du