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LE MORT RESSUSCITE
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qui entoure le cœur et arriva au muscle du cœur lui-même.

Comme l’avait pensé Jaloux, la balle était allée se loger dans l’épaisseur du muscle du ventricule droit, après avoir lésé le nerf « innervateur » du cœur, si l’on peut dire.

Le cœur, en effet, s’était arrêté de battre, parce que ce nerf, qui a pour mission de dilater et de contracter, tour à tour, le cœur, avait cessé de fonctionner.

Sans s’occuper d’abord de la balle, le docteur « alla au plus pressé », c’est-à-dire au fonctionnement du cœur. Il enfonça sa main dans le péricarde et prit le cœur à pleine poigne comme il eût fait d’une poire à vaporisateur et il lui imprima les mêmes mouvements de contraction et de dilatation.

Le moment était si solennel pour ces hommes de la science qui, avec de la mort, allaient faire de la vie, que la respiration des trois vivants qui étaient là s’en trouvait comme suspendue… Ils attendaient pour reprendre leur souffle que le mort respirât !… les deux docteurs avec une anxiété au moins aussi aiguë, aussi douloureuse que l’angoisse purement sentimentale de la femme qui attendait la résurrection de l’être aimé.

Le mouvement de contraction était des plus durs et, répété régulièrement, des plus fatigants, mais le Dr  Moutier ne se lassait pas, pas plus que dans certaines circonstances d’asphyxie il ne s’était lassé d’opérer la traction rythmique de la langue… et, cependant, quelle différence entre les deux opérations : avec