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CEUX QUI INTERROGENT LES ESPRITS
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liers. Enfin, ils reprirent « leur sérieux » au moment de frapper à la porte de l’appartement de Mlle  Hélier.

« On peut entrer ? c’est nous !… »

La porte s’entr’ouvrit et ils aperçurent l’étrange face hostile de Mlle  Hélier, dont les yeux bleus, ordinairement si doux, semblaient lancer des flammes.

« Ah ! je le savais bien ! fit-elle. On veut se moquer de moi !…

— Mais non ! supplia Fanny… Je vous assure, mademoiselle, ma bonne mademoiselle !… On sera bien sage… on fera tout ce que vous voudrez … On se tiendra tranquillement dans un coin… »

Elle dut les laisser pénétrer chez elle, mais elle les pria assez sèchement de rester dans son petit salon qui était plongé dans l’obscurité.


« Ne bougez pas, ne parlez pas ! c’est tout ce qu’on vous demande… »

Elle les laissa, passant dans sa propre chambre dont on apercevait une partie faiblement éclairée par la lueur falote d’une lampe invisible qui avait dû être reléguée dans quelque coin. Un assez lourd guéridon d’acajou soutenu par un pied à trois griffes, avait été tiré au milieu de la pièce.

D’où ils se trouvaient, Jacques et Fanny ne voyaient encore ni le docteur ni Mme  Saint-Firmin.

Ils n’apercevaient, se mouvant avec des gestes silencieux, dans la pénombre, que