Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tement par un tour d’esprit littéraire qu’il avait rarement rencontré chez ses belles compatriotes. Elle n’avait rien de ce type alerte, désinvolte, indépendant et audacieux qui devait aboutir à la « fluffy-ruffles », si en honneur de nos jours. Un peu dédaigneuse, douce et mélancolique, d’une pâleur intéressante, elle eût plutôt rappelé les tendres héroïnes de Walter Scott, lequel était, du reste, paraît-il, son auteur favori. Ah ! certes, elle retardait, elle retardait d’une façon délicieuse. Comment cette figure délicate parvint-elle à impressionner si vivement Arthur Rance qui avait tant aimé la majestueuse Mathilde ? Ce sont là les secrets du cœur. Toujours est-il que, se sentant devenir amoureux, Arthur Rance en avait profité, ce soir-là, pour se griser abominablement. Il dut commettre quelque inélégante bêtise, laisser échapper un propos si incorrect que miss Edith le pria soudain, et à haute voix, de ne plus lui adresser la parole. Le lendemain, Arthur Rance faisait faire officiellement ses excuses à miss Edith, et jurait qu’il ne boirait plus que de l’eau : il devait tenir ce serment.

Arthur Rance connaissait de longue date l’oncle, ce vieux brave homme de Munder, le vieux Bob, comme on l’avait surnommé à l’Université, un type extraordinaire qui était aussi