Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/18

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paraissait que plus belle encore ! Certes, ce n’était plus cette magnifique personne, ce marbre vivant, cette antique divinité, cette froide beauté païenne qui suscitait, sur ses pas, dans les fêtes officielles de la troisième République, auxquelles la situation en vue de son père la forçait d’assister, un discret murmure d’admiration extasiée ; il semblait, au contraire, que la fatalité, en lui faisant expier si tard une imprudence commise si jeune, ne l’avait précipitée dans une crise momentanée de désespoir et de folie que pour lui faire quitter ce masque de pierre derrière lequel se cachait l’âme la plus délicate et la plus tendre. Et c’est cette âme, encore inconnue, qui rayonnait ce jour-là, me semblait-il, du plus suave et du plus charmant éclat, sur le pur ovale de son visage, dans ses yeux pleins d’une tristesse heureuse, sur son front poli comme l’ivoire, où se lisait l’amour de tout ce qui était beau et de tout ce qui était bon.

Quant à sa toilette, j’avouerai sottement que je ne me la rappelle plus et qu’il me serait impossible de dire même la couleur de sa robe. Mais ce dont je me souviens, par exemple, c’est de l’expression étrange que prit soudain son regard en ne découvrant point parmi nous celui qu’elle cherchait. Elle ne parut redevenir tout à fait calme et maîtresse d’elle-même que