Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/118

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mir là-dessus et qu’il ne pouvait mieux garder ce lit auquel tenait tant M. Supia et qui était destiné à de si illustres noces qu’en s’y étendant à son tour.

Comme Hardigras avait fait, il ramena sur lui la vaste serge et attendit les événements.

Cette ruse, par laquelle il espérait de toute évidence surprendre l’hôte nocturne semblait l’enchanter. Il en riait à l’avance. Mais il ne rit point longtemps, car, tout « enfant de carnevale » que l’on soit et même de trois pères, on ne se trouve pas dans un bon lit après les émotions d’une journée pareille et un demi-fiasco de « branda » dans l’estomac sans qu’un doux appesantissement ne vienne bientôt réduire les forces physiques et morales de l’être le plus résistant.

Titin ne tarda pas à s’endormir d’un sommeil puissant. Comme Hardigras certain soir, il ronfla. Mais autant qu’il nous en souvienne, le ronflement de Hardigras n’avait été qu’une malice inventée pour faire courir ce pauvre M. Supia, tandis que le ronflement de Titin était le plus vrai et le plus franchement harmonieux du monde.

Titin ronflait encore à sept heures du matin, heure à laquelle M. Supia, qui n’avait pas dormi du tout, se décidait à pénétrer dans ses magasins pour avoir des nouvelles de Hardigras !…

Hélas ! Titin ne pouvait parler, car il ronflait toujours, mais le plus affreux était qu’il ronflait sur le parquet qui supportait, quelques heures plus tôt, le lit et la fameuse chambre Louis XVI…

Maintenant, lit et chambre avaient disparu !