Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/130

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— Monsieur Ordinal !… Vous êtes le seul à ignorer que j’occupe deux cents employés, sans compter mes inspecteurs des finances et mon chef de la comptabilité…

— Où sont vos kiosques ? interrogea l’agent, qui de plus en plus, croyait à une galéjade de l’incorrigible Titin.

— Mais ils sont dans les rues !… Ils couvrent la ville !… Ils sont assiégés dès les premières heures du jour !

— C’est extraordinaire ! je ne me doute même pas de ce que ça peut être… et qu’est-ce qu’on vend dans vos kiosques ?

— Mais la meilleure chose qui soit au monde à moins que vous ne trouviez que ce soit la pire, exprima narquoisement Titin en agitant au nez de MM. Souques et Ordinal les deux feuilles où était raconté leur déshonneur : des journaux.

— Et où sont vos bureaux ?

— Ici !

— Comment ici ?

— Puisque je vous le dis ! Ici, sur cette barrique ! Vous eussiez peut-être préféré un bureau américain ?

— S’fiche de nous ! grogna de nouveau M. Souques… en voilà assez !…

— Oui, monsieur Titin, en voilà assez ! répéta M. Ordinal en se levant… assez pour ce soir, mais n’ayez crainte, j’ai comme une vague idée que nous nous retrouverons !

— À votre disposition, messieurs. Vous êtes toujours assurés de me trouver à mon bureau le premier samedi du mois. Je suis obligé d’y faire acte de présence pour mes comptes de fin de mois. Comme on dit chez nous : « L’ordre