Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/133

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de « blec « ! tu entends Fred ! Et maintenant, à nos comptes !…

Il tira de sa ceinture un mouchoir qu’il dénoua et qui contenait un respectable paquet de coupures de la Banque de France, puis il fit couler la monnaie de ses sacs sur le bureau de M. le directeur, en un double ruisseau tintinnabulant.

Le Bastardon, sérieux maintenant comme un président du conseil d’administration, commença de compter les billets, cependant que Giaousé empilait les pièces et que le chef de la comptabilité contrôlait et alignait des chiffres…

Titin se retourna un instant pour considérer la mine ahurie et de plus en plus défiante de MM. Souques et Ordinal :

— Si vous voulez nous aider ? leur dit-il…, ça irait plus vite !

Pour votre récompense je vous mettrai au courant de ma petite combinaison !

Les deux agents brûlaient de savoir d’où venait tout cet argent, mais ne pouvaient se décider à jouer le rôle d’« extras » dans l’entreprise du Bastardon ; celui-ci, qui n’avait pas de fiel, la leur expliqua tout de même. Voici ce qu’il leur conta :

À l’heure où les boutiques sont encore fermées, où les marchands de journaux n’ont pas encore commencé leur étalage, où les débits de tabac eux-mêmes ont encore leurs volets, tout un peuple d’employés, d’ouvriers, de manœuvres, de « petites mains », enfin tous les matineux qui se rendent, ceux-là à leur administration, ceux-ci à l’usine ou à la fabrique, les autres à leurs magasins, eussent bien désiré,