Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/160

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le dimanche, dans les cabanons champêtres où se donnaient rendez-vous les joueurs de boule et où les employés de commerce conduisaient leurs petites amies…

Ce Noré, il n’y en avait pas deux comme lui à cette époque pour mettre en train la compagnie qui faisait danser les filles en jouant de la mandoline.

Quant au troisième personnage, c’était Noré qui l’avait amené. Menica ne le connaissait pas et il ne l’avait jamais revu.

Titin revint à Nice, mécontent de tous et de lui-même. Le sentiment de la vengeance ne le transportait plus. Parti pour tuer ses trois « païres », il avait vidé ses poches pour venir en aide au premier qu’il avait rencontré ; peut-être allait-il trouver à l’hôpital le joyeux garçon laitier qu’il lui faudrait sauver de la misère… Pour peu que le troisième fût dans le genre des deux premiers, Titin pouvait se demander si ses nombreux métiers suffiraient à entretenir convenablement une aussi nombreuse ascendance.

En cherchant dans la campagne au-dessus de Cimiez, Titin rencontra un vieil aubergiste qui se rappelait parfaitement un Noré qui faisait danser les filles au son de sa mandoline.

— Il s’est marié, lui dit-il, avec une jolie fille de Saint-Maurice et il n’est plus revenu. On a raconté qu’ils avaient pris une crémerie du côté du petit Piol.

Au petit Piol, il apprit que le Noré et sa femme avaient quitté le pays pour s’établir en ville, rue Masséna, pas bien loin du passage Négrin.

Là, la crémerie existait toujours. Mais elle