Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/165

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Dieu que me punit !… Assieds-toi là, Titin ! J’ai à te parler. Écoute, ce matin, j’ai fait venir mon notaire.

— Ça vaut toujours mieux, monsieur Papajeudi, et, à tout prendre, ça n’est pas ça qui fait mourir.

— Je vais mourir… Je sais bien ce que je dis ! Enfin, tout est en règle du côté du notaire mais il reste le curé et toi, Titin…

— Moi ? questionna celui-ci innocemment.

— Oui, je suis même content de te voir avant le curé. Si tu me pardonnes, n’est-ce pas ? Il faudra bien qu’il me pardonne aussi !

— Mais qu’est-ce que vous me chantez là ? Qu’est-ce que j’ai à vous pardonner, monsieur Papajeudi ?

L’autre se reprit à pleurer doucement, cette fois, et en serrant la main de Titin.

— Mon pauvre Titin !… mon pauvre Titin ! Je suis un misérable… un malhonnête homme ! Je mériterais… Ah ! si on savait quand on est jeune !… Mais tout n’est pas de ma faute. Sans ce « fan d’aquella » qui nous a fait prendre tant de champagne ce soir-là ! J’en ai eu des remords toute ma vie, Titin !

M. Papajeudi se reprit à « chialer » plus fort… puis il embrassa, tendrement Titin qui, lui-même, se laissait gagner par l’émotion.

— Écoute, nous étions trois, on ne savait plus ce qu’on faisait, mais j’ai fait comme les autres, pas ?

— Oui, dit Titin, soudain glacé et ma pauvre mère en est devenue folle ! Elle vient de mourir.

— Je sais ! je sais ! Et moi aussi, je vais mourir, et j’irai en enfer… Ah ! si on savait !