Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/169

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— F…-moi la paix avec votre notaire !

— Qu’est-ce que tu vas faire ? Qu’est-ce que tu vas faire ?

— Rien, vous me dégoûtez !

— Ah ! Titin ! Titin ! Tu t’en vas comme ça sans me pardonner ? Je vais mourir, Titin ! !

— Crève ! dit Titin.

Le brave Papajeudi eut un sursaut terrible, puis retomba d’un coup sur sa couche et ne bougea plus.

Titin se précipita, l’appela, le prit dans ses bras, mais il ne maniait plus qu’une masse lourde et molle, toute moite d’une sueur qui peu à peu se glaçait.

— Mon Dieu ! c’est moi qui l’ai tué !

Et il l’appela encore, le dorlota, l’embrassa.

— Je vous pardonne, je vous pardonne, monsieur Papajeudi !

L’autre rouvrit les yeux, poussa un soupir et demanda à boire.

— Oh ! ça va mieux, murmura-t-il quand il eut bu, je brûle comme l’enfer ! Tu peux être content, Titin, j’y vais !…

— Il faut vivre, monsieur Papajeudi, lui dit-il, vivre pour votre femme et vos filles !… Vous n’avez plus rien à craindre de moi, je vous pardonne, à une condition : c’est que vous m’aiderez à rechercher l’homme qui, ce soir-là, vous a fait boire tant de champagne ! Menica m’a dit que vous connaissiez son nom…

— Ah ! Menica ! Tu as vu Menica ? Qu’est-ce qu’il est devenu ? On m’a dit qu’il avait fait de mauvaises affaires ?

— Oui ! Il n’est pas heureux ! dit Titin.

— Il a eu de l’argent trop jeune, vois-tu !… C’est mauvais d’avoir de l’argent trop jeune…