Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/174

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je ne m’attendais pas à tant de discours chez un assassin !

— C’est que j’ai voulu que vous sachiez, monsieur, avant de mourir, pourquoi je vous frappais !

Titin, cette fois, avait cessé de jouer. Il fixait un œil sanglant sur cet homme exécré qui, après avoir fait de sa mère une martyre, voulait faire de Toinetta sa femme.

Et il ouvrît son couteau.

Le prince allongea le bras du côté de la muraille et, avec une force inattendue, jeta la table bureau dans les jambes de Titin.

Mais celui-ci, agile comme un singe, avait bondi au-dessus du meuble et était retombé sur le prince avant que ce cher seigneur ait pu appeler à son aide. Il le tenait renversé sous son genou et lui serrait la gorge à l’étouffer. Il leva son couteau.

Pour Tina ! lui jeta-t-il à l’oreille… Souviens-toi du Carnaval de dix-huit cent quatre-vingt…

Mais il n’avait pas encore achevé de prononcer son chiffre que le prince, parvenant à écarter un instant l’étreinte farouche des doigts qui l’étouffaient, râlait :

— Il y a erreur !… il y a erreur !… Tina, connais pas !… Suis jamais venu à Nice en cette année-là !…

Avant le geste suprême, Titin jugea bon de donner au prince une dernière explication :

— Tina, c’est ma mère !

— Je m’en fous de ta mère ! connais pas ta mère !

— Et je suis ton fils !

— Mais vous êtes fou ! Vous êtes fou ! Fal-