Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/200

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— Mais le prince avait eu la bonté de m’inviter ! fit Titin en lui serrant la main.

— Il a bien eu raison ! Je ne saurais te dire tout le plaisir que ça me fait ! Et cependant, vois, Titin, comme c’est drôle ! moi, je n’aurais pas osé t’inviter !

— Et pourquoi donc, Toinetta ?

— Bah ! fit la jeune fille avec une moue légère, je ne pourrais pas bien te le dire, tu sais !… Tu as un si drôle de caractère. On croit te faire plaisir et on n’y réussit pas toujours… Enfin, tu es content ?

— Je suis content de te voir heureuse, Toinetta ! Mais je te demande pardon, je ne sais plus si je dois toujours te tutoyer, moi.

— Ne te gêne donc pas ! Le prince a des idées larges !… et ce n’est pas parce que je vais devenir princesse que je vais oublier mon petit camarade d’enfance ! Tu me dis que je suis heureuse ? Très heureuse, Titin !… et je veux que tout le monde le soit autour de moi !…

— Je te demande pardon de t’avoir dérangée, Toinetta !… je te laisse à ton bonheur… Adieu !

— Adieu, Titin !… ah ! dis donc !… on raconte partout que tu es du dernier bien avec Hardigras. En voilà un qui s’est moqué du monde, par exemple !… Pourquoi veut-il m’empêcher de me marier ? Malgré tout, je n’aurais pas été fâchée de faire sa connaissance ! Tu lui diras de ma part qu’il est un vilain farceur, ton Hardigras !

— Rien que pour lui faire cette commission-là, je trouverai bien le moyen de le joindre un jour… fit Titin, et il retourna à sa place, de son pas paisible et nonchalant…