Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/239

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— Pour le payer ! voulez-vous dire !

— Non, non ! monseigneur, non !… Pour ne pas le payer ! Quand zé souis riche, ze ne le paye pas et il né réclamé rien parce qu’il mé volé !… Mais quand ze souis pauvre, oh ! alors, on ne me laisse pas oune minoute de repos et je ne sais comment faire pour ne pas le payer ! Ze dis bien !

— Êtes-vous riche en ce moment ?

— Non ! ze n’ai plus lé sou !

— Eh bien, comptez sur moi pour payer votre valet de chambre. Où allez-vous, maintenant ?

— Z’ai une auto qui vous attend sur la piazza, monseigneur, pour nous conduire à Nissa. Ze désire vous montrer votre nouvel appartement !

— Allons voir mon nouvel appartement !

Et ils sortirent. Mais sur la place ils trouvèrent, entourant l’auto, une foule assemblée qui était fort intriguée par la visite imprévue de ce riche étranger (du moins en avait-il l’apparence).

Il avait si grand air, Titin montrait une figure si rayonnante et si dominatrice que le bon peuple de la Fourca en était comme suffoqué.

La foule accompagna l’auto dans les ruelles étroites et tortueuses et courut derrière elle durant toute la traversée de la Fourca Nova.

En passant devant « la Patentaine », Titin adressa un magistral coup de chapeau à la Ciosba (la Françoise), une sœur pauvre de M. Hyacinthe Supia dont le « boïa » avait fait sa concierge. La Ciaosa en eut comme la jau-