Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/248

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te que jamais. Antoinette avait même dû changer de chambre. La scène du balcon n’était plus possible, hélas !…

Il n’empêche que, en dépit de toutes ces précautions, les deux jeunes gens s’écrivaient. Titin n’aurait pas été Titin s’il n’avait imaginé, avant de rendre Mlle Agagnosc à sa chère famille, un moyen de correspondre qui défiât toutes les prévoyances.

Dans ses lettres, Toinetta se plaignait bien de cette sorte de réclusion à laquelle elle était condamnée, mais elle s’amusait beaucoup de recevoir des lettres de Titin et de les lire à la barbe du « boïa » sans que celui-ci se doutât de rien ! Enfin, on ne lui parlait plus mariage. Hippothadée venait toujours chez les Supia, mais simplement en ami, et il avait cessé de lui faire la cour. Il se laissait choyer par ces dames en attendant les événements. Toinetta ajoutait :

« Supia et Hippothadée croient que je serai bientôt « en fatigue » et la première à revenir à des projets qu’ils n’ont point abandonnés ! Ils ne me connaissent pas ! Surtout depuis que j’ai fait ma provision de patience en écoutant mon Titin ! Le prince peut mettre ce qu’il voudra dans sa « gorbeille », il n’y mettra jamais les belles choses que Titin a dites à Toinetta ! Mon Titin, je t’aime ! Le reste n’existe pas ! Patience ! »

Quelques jours après avoir reçu cette lettre, Titin faisait part à Toinetta du changement inouï qui s’était fait dans sa situation, depuis l’arrivée à Nice d’Odon Odonovitch. Et ce n’était pas sans orgueil qu’il annonçait à sa petite amie qu’en épousant le Bastardon elle de-