Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/249

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viendrait princesse et peut-être reine un jour !…

Elle lui avait répondu :

« Ce sont des choses qui arrivent, mais moi, je t’aime comme devant, et c’est Titin que j’épouserai ! »

En attendant, si l’on ne voyait plus Mlle Agagnosc nulle part, on voyait Titin partout avec son éternel Odon Odonovitch. Il eut l’occasion d’être présenté aux membres les plus en vue de la colonie étrangère. Au tir aux pigeons de Monte-Carlo, il se montra l’un des meilleurs fusils. Il avait tenu à être inscrit au club sous le nom de Titin-le-Bastardon, qu’il continuait à porter avec une insolente fierté, en attendant qu’il eût le droit d’étaler ses autres titres !

Quelques-uns de ses messieurs disaient bien d’un petit air déplaisant :

— Pourquoi ne signe-t-il pas Hardigras ?… Messieurs, nous voici les collègues de Hardigras !

Mais sa qualité de futur prince ne fut bientôt plus un secret pour personne en raison des intempérances de langage du bon Odonovitch qui lui lâchait à tout instant du « Monseigneur », ce que Titin laissait faire maintenant, soit qu’il fût las de le rappeler à l’ordre à chaque instant, soit qu’il ne lui déplût point, après tout, qu’on lui donnât un titre qu’il trouvait charmant.

Mais ajoutons que Titin ne s’amusait point dans le monde et qu’il n’avait de joie véritable que lorsqu’il parvenait à entraîner Odon Odonovitch à la Fourca, ce qui lui arrivait bien deux ou trois fois par semaine.