Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/254

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Mais l’autre était désespéré et Titin eut toutes les peines du monde à le consoler.

— Je vous jure, comte, que tout ceci n’a aucune importance.

— C’est que zé souis beaucoup plus coupable que vous ne le croyez, monseigneur bien-aimé !

À ces mots, Titin dressa l’oreille :

— Que voulez-vous dire, Odon Odonovitch ?

— Zé veux dire, monseigneur, que zé souis ouné misérable, que z’ai abousé de la confiance de mon maître et que zé mérite donc les plus grands çatiments !

C’est oune bien cruelle confessionne ! Mais zé veux tout dire et après vous ferez de moi cé qué vous voudrez. Zé né mérite aucoune pitié, je vous assoure.

Titin se taisait. Il avait allumé une cigarette et attendait… Sous son attitude d’imposante indifférence, il essayait de maîtriser l’émotion qui l’étreignait. Qu’allait-il apprendre ? Il avait jugé le comte capable du meilleur, comme du pire. Il attendait le pire !

Et l’autre parla :

— Zé souis venu en France, envoyé par notre grand Hippothadée, avec deux cent mille francs !

Titin réprima un léger mouvement :

— Si je me souviens bien, comte, fit-il d’une voix sourde où grondait sa colère refoulée, il y avait vingt-cinq mille francs dans le portefeuille que vous m’avez remis ?

— Oui, monseigneur, vingt-cinq mille francs !

— Et vous deviez m’en remettre deux cent mille !