Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/270

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la propriété tout entière de notre seigneur prince Marie-Hippothadée ! Zé né veux pas la loui dérober !… Mourir, ça serait trop facile ! Voici la lettre du prince dans laquelle il mé ménace, si ze n’exécoute pas à la lettre toutes ses instructions, des plus horribles soupplices !… Zé vais les chercher !… Demain, zé prends lé bateau pour Gênes ! De là, ze vais à Venise… avant la fin de la semaine je serai à Mostarajevo !…

Titin, pendant ce temps, lisait la lettre du prince.

— Assez de boniments ! jeta-t-il d’une voix rauque à Odon Odonovitch, suis-moi !…

Et il l’entraîna au fond des jardins, dans un coin obscur des terrasses qui dominent la mer. Il avait une furieuse envie de le jeter dans le port et il le lui dit :

— Tout à l’heure, monseigneur ! Je vous en supplie ! Encore un petit instant, car il mé vient oune idée magnifique !…

— Je ne veux pas la connaître !… fit Titin. J’en ai assez de tes idées magnifiques !…

— Non ! Non ! Tout espoir n’est pas perdou, reprit le comte se parlant à lui-même. Et moi qui désespérais de la Providence !… Qué la Vierge de Mostarajevo nous protèze, et nous sommes sauvés, monseigneur !… Comment n’avais-je pas pensé à cela avant dé mourir. Je souis impardonnable ; dites-moi. C’est très important !… Vous n’avez jamais joué ?

— Jamais !… Et ce n’est pas ce que tu m’as fait voir qui m’y poussera, Odon Odonovitch !

— Vous avez tort, monseigneur… Ne zouez qu’une fois, mais zouez au moins cette fois donc !… Celui qui n’a zamais zoué gagne tou-