Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/280

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qui ne l’intéressait plus quand, soudain, apparat dans le jardin une forme féminine qui s’enveloppait d’un long châle à franges qu’elle avait remonté sur sa tête.

Quand elle fut dans le jardin, elle laissa glisser le châle. C’était une belle fille du peuple qui avait fait toilette. Mlle Agagnosc ne la voyait encore que de dos. Elle était grande, admirablement faite, marchait hâtivement d’un pas harmonieux. Elle semblait un peu inquiète mais son trouble était plein de grâce. Avant de disparaître dans la maison rose elle avait tourné la tête… une belle tête d’ivoire bruni qu’encadraient deux bandeaux noirs et qu’éclairaient deux yeux sombres où luisait une flamme un peu craintive.

— Nathalie !…

Mlle Agagnosc n’avait pu retenir le cri léger qui lui était monté aux lèvres en reconnaissant dans la belle amoureuse l’une de ses compagnes de la Fourca, la femme de Giaousé, Nathalie Babazouk. Et elle se mit à trembler dans l’attente épouvantable de celui qui allait venir…

Elle comprenait pourquoi on l’avait fait venir là.

Alors elle se raccrocha à l’espoir suprême que les misérables s’étaient trompés !… Nathalie pouvait avoir des rendez-vous, mais pas avec Titin qui l’avait toujours repoussée ! C’était une chose bien connue et dont on riait depuis longtemps à la Fourca.

Toinetta n’était pas une sotte, elle comprit tout de suite qu’on l’avait conduite en cet endroit pour qu’elle y vît Titin compromis, mais elle aimait Titin et elle pria comme une