Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/286

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que, de part et d’autre, on n’avait qu’à se féliciter et le soir même, Arthur, maire de Torre-les-Tourettes, qui était un homme juste et plein de bon sens, proclama une paix solennelle entre les deux pays. Cette paix fut ratifiée pendant huit jours par des banquets.

Mais le cœur des hommes est ainsi fait qu’ils se souviennent plus longtemps des mauvais coups reçus pour leur humiliation que de la générosité du vainqueur, laquelle, souvent, les humilie autant que leur défaite et beaucoup de ceux à qui Titin avait fait « sauter le saut » lui en gardèrent solide rancune, d’autant que les filles n’arrêtaient de les railler d’avoir été ainsi mis à mal par un méchant gamin de quatorze ans, ce qui était vraiment trop de « pénibilité ».

Tout ce que nous venons de dire là, qui n’est point hors-d’œuvre, comme nous l’avons fait pressentir, fera comprendre, bien des choses qui vont suivre et, particulièrement, la joie mauvaise de quelques-uns de Torre-les-Tourettes à la nouvelle de la grande déconfiture du Bastardon.

Ils ne manquèrent point de faire visite à la Fourca, pour se gausser, dans les cabanons, du prince Titin. Il n’en était encore résulté que des coups de poing, parce que les mœurs, depuis l’enlèvement des Sabines, s’étaient radoucies, mais ceux de la Fourca en étaient malades, d’autant que Titin ne se montrait point, ce qui les mettait pour le défendre en fâcheuse posture.

Ceux de la Fourca et de la Torre ne se rencontraient point seulement dans la plaine de Grasse ou du Loup mais dans la ville même