Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/308

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chose et il ne trouvait rien, en dehors de la seule réponse possible en pareille occurrence, qui était un adieu, un adieu noble et digne, avec quelques paroles bien senties qui eussent vengé tous les Hippothadée de la terre de l’injure que leur faisait cette petite bourgeoise amoureuse d’un va-nu-pieds ! Or, cet adieu, il ne voulait pas le prononcer, il ne le pouvait pas pour beaucoup de raisons.

Alors, il se contenta de dire : « Au revoir ! » en pivotant sur la pointe de ses bottines et en redressant sa taille, qui était encore la seule chose dont il pût être fier.

M. Supia sauva la sortie en raccompagnant et en disant tout haut :

— Vous avez bien raison de ne point vous offenser, Antoinette est un peu nerveuse ce soir ! Et puis, ajouta-t-il, dans le vestibule, si cette petite vous méprise, moi je vous estime !

Dans la chambre, cette excellente Thélise, était heureuse plus que l’on ne saurait dire de la tournure que prenaient les événements. Ce mariage la rapprochait de son amant. Soudain, elle fut épouvantée de la façon dont Toinetta la regardait. Et elle s’enfuit sans que l’autre lui eût adressé un mot.

Restée seule enfin, Toinetta retomba la tête sur son oreiller qu’elle déchira de ses ardentes petites quenottes, étouffant ses sanglots. Car elle ne voulait pas pleurer !

Le lendemain matin, la première chose qu’elle fit fut de renvoyer sans l’ouvrir la lettre que Titin lui adressait.

Elle rencontra dans le petit salon Caroline qui avait les yeux rouges.