Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/312

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moi, mais j’avoue que pour vous et pour votre famille, elle était assez déplaisante.

— Elle était criminelle ! grinça le Supia.

— Euh ! euh ! fit Hippothadée, je ne vois point du tout Titin vous faisant passer de vie à trépas pour cette affaire de mariage !

— Moi non plus, heureusement. Je suis surtout persuadé qu’il a voulu nous faire peur… C’est vous dire que je n’ai pris de cette commission que ce que j’ai voulu… Il en reste suffisamment cependant pour que nous ne partagions point tout à fait l’optimisme de ce grand sot de Bezaudin ! Cet homme est bien la chose la plus curieuse que l’on puisse rencontrer dans un commissaire de police. Il n’a de confiance que dans les escrocs qu’il est chargé d’arrêter et qu’il laisse courir les routes !

— Si nous invitions MM. Souques et Ordinal ! proposa le prince.

— Je crois qu’ils viendront même si vous ne les invitez point ! répondit Supia, ce qui nous évitera de leur payer le déplacement de Paris.

Mais ce fut Bezaudin qui eut raison. Rien ne vint troubler la cérémonie du mariage de Mlle Antoinette Agagnosc et du prince Hippothadée Vladimir de Transalbanie.

Ce mariage ne présenta d’autre particularité que le mode lugubre sur lequel il fut célébré et l’immense tristesse de la foule qui, en dépit de l’heure matinale, s’était dérangée et observait un silence plus impressionnant que ne l’eût été la plus hostile manifestation.

À la vérité, il y avait dans cette attitude moins de colère contre Hippothadée et les Su-