Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/316

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ce que nous venons d’examiner ne constituait point le seul bénéfice de M. Supia.

Pour bien apprécier le génie de cet homme, il convient que nous assistions à la petite conversation qu’il eut avec le mari de Toinetta, huit jours après la cérémonie du mariage.

Le prince Hippothadée venait de passer à la caisse pour toucher le montant de cette mensualité qui avait été prévue en contrat et il en revenait fort échauffé après avoir jeté à la tête du caissier les deux cent soixante-quinze francs quatre-vingt-cinq centimes que cet employé lui tendait alors que le prince avait déjà entrouvert son portefeuille pour y engouffrer le paquet de billets de mille qui lui étaient dus.

— C’est tout ce qui vous revient, monsieur ! J’ai des ordres ! avait répondu fort poliment le gardien du trésor.

Le prince lui avait répliqué dans une langue que l’autre ne comprenait pas, mais où il était facile de deviner des injures. Enfin, il termina en français :

— Par les babouches de la Vierge de Mostarajevo ! cela ne se passera point ainsi !

Et il était arrivé tout fumant dans le bureau du « boïa » que cette irruption ne sembla nullement surprendre.

— Asseyez-vous, mon cher ami, lui dit-il. Que vous est-il arrivé pour que je vous voie dans un pareil état ?

— Je reviens de la caisse ! glapit le prince qui se retenait pour ne point flanquer des gifles à ce visage de tôle. Comprenez-vous, maintenant ? Supia, vous êtes un sale « pezevengh » !