Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/329

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belle, laquelle saurait accomplir des miracles.

Qu’un esprit aussi moyenâgeux régnât encore à la Fourca, c’est ce qui faisait son charme, car, en vérité, il aurait fallu chercher longtemps pour trouver des idées aussi reculées dans un pays gâché tous les jours par la politique, les tournées des cars automobiles, l’invasion de l’étranger, les idées modernes, enfin, par ce qu’il est convenu d’appeler le progrès.

Cette procession était la dernière que l’on accordait à Sainte-Hélène en attendant qu’on allât la déposer dans une niche, hors les murs, au-dessus de la grande porte qui faisait communiquer, dans la plaine, la haute et vieille Fourca avec la Fourca-Nova.

Si elle voulait rentrer dans sa ville, dans sa basilique et reprendre place sous son baldaquin doré, elle n’avait qu’à prouver qu’elle était encore capable de quelque chose.

Giaousé, la Tulipe, Gamba Secca et le Budeu précédaient toute la cohorte des filles qui chantaient à tue-tête moins en suppliantes qu’en menaçantes, et par instants, terriblement vocifératrices.

Quand le cortège était passé devant la Patentaine, une grande clameur s’était fait entendre : À mort le « boïa » ! À mort le « boïa » ! Mais, sur l’ordre de Giaousé, on avait passé outre.

Au fond de son auto, Hippothadée n’en menait pas large. Il se disait qu’il n’était heureusement point connu à la Fourca-Nova, où il n’était venu qu’une seule fois, mais ces gens avaient pu l’apercevoir lors de la cérémonie