Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/330

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du mariage et il ne tenait point à s’attarder parmi eux.

Enfin, l’auto se remit en marche et tout semblait devoir se passer sans incident quand une bande de gars entoura soudain le véhicule. Ces gentils garçons sommaient le chauffeur de crier : « À mort, le « boïa » !

Le chauffeur, qui ne comprenait rien à ce qui se passait, commençait à être fort excité contre ces énergumènes. Il leur jeta :

— Allez-vous me laisser passer, tas de sauvages !…

Ils allaient se jeter sur lui ; alors le prince inspiré par le danger, baissa la glace de l’auto et hurla :

— À mort le « boïa » ! À mort le « boïa » !

Il fut acclamé et l’on passa.

À la Patentaine, ce fut la figure épouvantée de la Cioasa qui lui ouvrit, après bien des explications. Elle referma la porte sans lui dire un mot et il se dirigea vers la villa dont la masse sombre se distinguait au fond du jardin.

La Cioasa ne parlait guère et vivait tout à fait solitaire depuis une mystérieuse aventure qui lui était survenue au temps de sa jeunesse.

Elle avait vingt ans alors et n’était pas plus mal qu’une autre. Elle tenait le ménage de son frère, dans un petit bastidon des environs. Celui-ci commençait à faire figure à Grasse, comme employé de banque, avant de devenir à la « Bella Nissa » chef de la comptabilité. Il était dur pour elle, jamais un mot gentil. Elle ne l’aimait pas.

C’est alors qu’elle fit connaissance d’un certain Michel Pincalvin (tout ceci fut dit au dernier grand procès qui termina cette farou-